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par Roger Marquet,
Membre d’Honneur à Vie de
la ‘’11th Armored Division Association’’

Paul E.Deadrich
39045758T4344

Pfc PAUL E. DEADRICH  Company B / 55th Armored Infantry Battalion / 11th Armored Division.

À l’été 1944, les gars de la 11th Armd Div. reçurent une dernière permission pour voir leurs proches avant de s’embarquer pour l’Europe et la ‘’vraie’’ guerre.
De g. à dr ;, en Californie : Paul E. Deadrich, sa mère, Grace, et un voisin de la même division, Benjamin Davies
(Photo familiale) 

« Dog tag » ou « plaque de chien » est le nom que les G.I.’s donnaient, par autodérision, à leurs plaques d’identification métalliques que tous portaient autour du cou, en deux exemplaires. Sachant que les G.I’s se dénommaient eux-mêmes, parfois, par le vocable « dog face » (« Visage de chien, face de chien »), il était donc normal que des faces de chiens portassent des plaques de chien !
Ces plaques en laiton, de forme quadrangulaire, avec les coins arrondis, portaient généralement quatre lignes d’inscriptions :

Sur la première ligne figurait le prénom, l’initiale du deuxième prénom, et le nom de famille du porteur : dans le cas qui va nous intéresser, cela donne : PAUL E. DEADRICH.

Sur la deuxième ligne on pouvait lire l’ ‘’Army Serial Number’’ c’est-à-dire le numéro de la matricule du soldat : dans notre cas : 39045958 T43 44 (pour l’anecdote, l’inscription T43 44 signifie que l’intéressé a reçu son injection antitétanique en 1943 et le rappel en 1944)

Sur la troisième ligne, on trouvait généralement, mais pas toujours, le nom de la personne la plus proche du militaire, à prévenir en cas de décès, de disparition ou de blessure grave : le « next of kin ». Dans le cas de Paul Deadrich, il n’y avait rien d’indiqué.

Et enfin, sur une quatrième ligne, mais en bas à droite, figurait une lettre majuscule qui indiquait l’appartenance religieuse du G.I., « P » pour Protestant (y compris Baptistes, Méthodistes, Luthériens, etc…), « C » pour Catholic – Catholique, H pour Hebraic = Hébraïque et rien pour un athée ou un agnostique. Dans le cas qui nous occupe, on pouvait lire la lettre « P ».

Ces plaques étaient portées en deux exemplaires pour des raisons pratiques. En cas de mort sur le champ de bataille, la personne qui constatait la mort, emportait une des deux plaques et laissait l’autre sur le corps (le plus souvent – détail morbide – coincé entre les dents du décédé), destinée à ceux qui auraient la lourde charge de relever les corps pour les enterrer à l’arrière. On pratiquait ainsi la double identification des victimes.

Mais assez de généralités ! Nous allons maintenant évoquer l’histoire, à la fois simple et très étonnante, d’une « dog tag » en particulier ; celle du Pfc Paul E. Deadrich, de la Compagnie B du 55ème Bataillon d’Infanterie Blindée de la 11ème Division Blindée (3ème Armée de Patton).

Paul Deadrich, jeune citoyen de Californie, est donc soldat de première classe dans la Company B / 55th  Armored Infantry Battalion / 11th Armored Division. Il fait partie de l’Armée Patton (la 3ème). Il est en Belgique depuis le 29 décembre 1944 et il a participé à la première opération d’attaque de sa division, entre le 30 décembre et le 3 janvier, du côté de Morhet, Magerotte, Bois des Haies de Magery, Pinsamont, Acul, Rechrival, Renuamont (sur le flanc gauche de la 4th Armored Division).  Après cette attaque qui fut un succès, mais un succès estimé trop coûteux en hommes et en matériel par le Général Middleton, la division a été relevée par la 17th Airborne Division et placée en deuxième ligne. Pas pour longtemps puisque dès le 12 janvier, la 11th reprend l’attaque conjointement avec la 101st Airborne pour s’emparer de Noville, Cobru, Wicourt, Rachamps, Hardigny et faire la jonction avec le front de la 1ère Armée de Hodges du côté de Houffalize. Cette deuxième opération se passe relativement bien puisque, dès le 16 janvier, la jonction Sud – Nord sera effective.

Le 17 janvier, dans l’après-midi, le ‘’squad‘’ de Paul arrive avec son half-track dans le petit village de Hardigny :

« J’étais couché à l’arrière du half-track quand nous arrivâmes, sous les obus de mortier, dans un petit village dont je n’ai connu le nom qu’un demi-siècle plus tard. J’étais pratiquement hors de combat, car depuis deux jours mes pieds me faisaient atrocement souffrir et je n’avais pas eu de possibilité d’enlever mes bottines pour essayer de les soigner. Il faut dire que je ne portais plus qu’une seule galoche (‘overshoe ‘ ou ‘Artic shoe’), la droite ; l’autre m’ayant été volée par un camarade peu scrupuleux (enfin, je le suppose, car, pendant notre séjour en deuxième ligne, je les avais mises à sécher sur un petit muret et lorsque je voulus les reprendre, il n’y en avait plus qu’une. Je me suis toujours demandé, et je me pose toujours la question, ce que le voleur avait bien pu faire d’une seule galoche). Toujours est-il que quand le sergent décida de s’arrêter pour la nuit dans une ferme de ce village et d’essayer de loger dans une étable, je fus vraiment soulagé. Le sergent fit parquer le véhicule à proximité d’une étable et tout le monde – sauf un homme désigné pour garder le half-track et la mitrailleuse – se réfugia dans le fenil. Les copains durent me porter, car mes pieds me refusaient tout service. A peine arrivé dans le foin, j’entrepris d’enlever ma galoche, mes chaussures et mes chaussettes : un spectacle affreux me glaça le sang. Mes orteils étaient bleus, noirs, suintants et dégageaient une odeur dont il ne fallait pas être médecin pour l’identifier : la gangrène ! Mes pieds avaient été gelés et, faute de soins adéquats, s’étaient infectés. Les os des orteils de mon pied gauche, pointaient déjà au travers de la chair. J’étais bon pour l’hôpital, tous les gars étaient d’accord ; même la sentinelle qui, ayant jugé le coin trop dangereux, avait décidé d’abandonner sa mitrailleuse et son half-track pour nous rejoindre.

Dès que le sergent l’aperçut, il se mit à l’agonir d’injures et de menaces de conseil de guerre pour abandon de poste devant l’ennemi … quand, quelqu’un cria : ‘Venez voir, les gars ! Celui-là ne nous a pas manqués! ». Tous se ruèrent vers la petite lucarne pour voir notre half-track brûler. Il venait d’être atteint par un obus de mortier. Le sergent oublia tout de suite son idée de conseil de guerre et trouva plus utile de nous emmener au rez-de-chaussée, dans l’étable où nous étions plus à l’abri d’une éventuelle explosion de nos munitions dans le half-track. Ceci ne résolvait pas mon problème de transport vers un poste de soins. Heureusement, quelques heures plus tard, alors que la nuit était tombée, un infirmier, au volant d’une jeep, se perdit dans le village et décida de passer la nuit dans « notre » étable. Quand il vit mon état, il me dit que j’avais besoin de soins immédiats et me proposa, comme un challenge, de partir au petit matin, malgré la pluie d’obus, en jeep et à toute vitesse vers un poste de secours. Je relevai le défi et, au petit matin les copains m’installèrent dans la jeep et… une main sur le casque et l’autre agrippée à la portière, nous volâmes plus que nous ne roulâmes vers un petit poste de secours à trois ou quatre kilomètres de là. Là, je fus pris en charge par le système médical militaire qui me fit voyager jusqu’à Paris où on dut m’amputer la moitié de mon pied gauche ; on réussit à sauver le droit mais je dus passer des mois à l’hôpital aux Etats-Unis. J’y étais toujours lorsque la guerre prit fin. »

La guerre était finie pour Paul ; malheureusement il n’en sortait pas sans dommages. Une anecdote curieuse à propos de l’amputation de Paul vaut la peine d’être contée.

Dans sa chambre d’hôpital – qu’il partageait avec d’autres amputés – Paul pouvait constater que le moral n’était pas toujours au beau fixe. Dame ! Le fait d’avoir 20 ans et déjà un handicap, ne prête pas toujours à être souriant. Paul eut l’idée de demander à son père de leur rendre visite et de leur montrer ce qu’il savait faire. Le paternel ne se fit pas prier et quelques jours plus tard, il faisait son entrée dans la salle des amputés ; il enleva ses chaussures, puis ses chaussettes et se mit à danser, à bondir et à sauter comme un cabri à travers toute la pièce. Non, il n’était pas subitement devenu fou ; il y avait un petit détail qui remonta immédiatement le moral des blessés : le père de Paul avait subi exactement la même amputation de la moitié du pied gauche que son fils, quelques 25 ans après. Le père de Paul, s’était perdu dans le blizzard de l’Ouest américain, plus de 25 ans auparavant. Il avait passé toute la nuit au dehors et avait, lui-aussi, eu les deux pieds gelés. Et comme son fils, un quart de siècle plus tard, il avait dû subir la même amputation. Quelle coïncidence !

Son numéro improvisé n’avait d’autre but que de montrer que l’on pouvait vivre tout à fait normalement, même avec un pied handicapé. Il eût un succès inespéré.

Après l’hôpital, Paul fut démobilisé et reprit le cours normal de sa vie. Il devînt avocat, se maria une première fois, divorça, se remaria avec Connie et c’est à ce moment de sa vie que je fis sa connaissance, en 1992.

En 1993, je réussis à le convaincre de revenir, pour la première fois, dans le pays où il avait souffert. Et un beau jour de mai 1993, Paul et son épouse Connie débarquèrent chez moi. Je leur fis évidemment découvrir (en ce qui concerne Paul, je devrais dire « redécouvrir ») tous les endroits où le jeune soldat avait combattu : depuis le Bois des Haies de Magery jusqu’à la ferme Winkin à Hardigny. Paul reconnut formellement les lieux, notamment grâce à la présence d’une petite chapelle érigée juste en face de l’entrée de la ferme. Il ne put cependant pas me dire vers où « son » infirmier l’avait évacué. En revanche, il fit la connaissance du fermier – Monsieur Winkin – qui se trouvait à Hardigny au moment où Paul le quittait (pour toujours, croyait-il alors !). Monsieur Winkin revenait d’un voyage de vacances qu’il avait effectué à …….Los Angeles, Californie. La ville de Paul et Connie ! Quelle coïncidence !

Durant les années 1994, 1995 et 1996, je revis Paul et Connie à 5 reprises. Ils revinrent  deux fois en Belgique et je les rencontrai aux Etats-Unis à trois reprises : une première fois chez eux, en Californie et à deux reprises chez leur fille et belle-fille, en Arizona.

Paul et Connie furent les instigateurs du projet d’amener 36 séquoias (Redwoods) gratuitement, depuis leur Californie natale jusqu’au Bois de la Paix à Bizory (Bastogne). Pour cela, ils remuèrent ciel et terre, réussissant à impliquer dans le projet une université et son président (Humboldt University), un horticulteur spécialisé, une compagnie aérienne (la British Airways, pour ne pas la nommer), deux firmes de transporteurs internationaux, l’Administration communale de Bastogne, l’Ambassade des Etats-Unis en Belgique, les services des douanes belges et américaines, et même l’Institut Agronomique de Gembloux. Et leur projet aboutit ! Les arbres furent prélevés de chez l’horticulteur, acheminés vers l’aéroport de Los Angeles par camion, transportés par avion par-dessus l’Atlantique, et acheminés depuis Bruxelles National jusqu’à Gembloux où ils devaient subir une période d’acclimatation. Et tout cela gratuitement, entièrement sponsorisé par les organismes précités !

Malheureusement – et malgré le fait qu’il existe d’autres séquoias qui ont réussi à s’acclimater à la Belgique (il y en a un sur les hauteurs de Trooz, près de Liège) – ceux-ci périclitèrent rapidement et finirent tous par mourir jeunes. Un comble pour un arbre qui peut vivre jusqu’à 2 ou 3.000 ans !

Voilà pourquoi les générations futures ne verront pas d’immenses arbres pousser au Bois de la Paix, en se demandant – qui sait ? – comment ces arbres avaient bien pu atterrir sur un plateau ardennais. Dommage ! L’idée était bonne, la réalisation aussi ; il ne nous a manqué que la volonté d’adaptation des séquoias !

Paul a pu se consoler un peu en voyant qu’un des arbres du Bois de la Paix était marqué à son nom.

En 1995, la maison de Paul et Connie était rendue inhabitable par un des nombreux tremblements de terre qui secouent périodiquement la région et ils partirent s’installer à Palmdale, à quelques dizaines de kilomètres de leur ancienne Vallée de San Fernando. Il faut croire que la secousse sismique avait également ébranlé Connie au plus profond d’elle-même puisque le 6 mai 1996, je reçus un coup de téléphone dramatique de son petit-fils m’annonçant sa mort brutale alors qu’elle s’occupait de son jardin.

Depuis cette date, je n’ai plus revu Paul, mais nous sommes restés en contact épistolaire et – depuis peu  – informatique. La mort de Connie n’a pas arrêté la vie de Paul puisqu’il s’est déjà remarié deux fois depuis.

Maintenant que je vous ai présenté Paul Deadrich, il est temps d’en venir à l’histoire de sa « dog tag ».

En novembre 2001, je reçus un message électronique (email) venant d’un habitant d’Ham-sur-Sambre qui m’était complètement inconnu : Csaba Szoke (Belge d’origine hongroise). Ce Csaba ne me connaissait pas non plus mais il avait lu mon nom et mon adresse email sur le site Internet du CRIBA (il n’est jamais bon de laisser traîner ses coordonnées dans n’importe quel lieu ! Ha !). Csaba m’envoyait son message un peu comme on envoie une bouteille à la mer, c’est-à-dire sans grand espoir de réponse positive. Ce message était très bref ; il disait :
« Connaissez-vous un Paul E. Deadrich ?».

Csaba ignorait sa chance ! Il était tombé par hasard sur le seul Belge qui connaissait Paul E. Deadrich. Car cela ne créait aucun doute dans mon esprit… il s’agissait bien de « mon » Paul.

Pour deux raisons :

–    la première est constituée par les nombreuses conversations que j’avais eues avec Paul, et qui concernaient notamment l’étymologie et l’orthographe de son nom de famille. Ecrit sous cette forme D.E.A.D.R.I.C.H., il était très peu commun.

–    La deuxième raison tenait simplement à ses prénoms : il était très peu probable qu’il y eut plusieurs PAUL E. Deadrich.

Je répondis donc à Csaba Szoke que je connaissais effectivement Paul et je lui demandai – avant de prendre contact avec Paul – les raisons que le poussaient à me faire cette demande.

C’est ici que j’eus une des plus grandes surprises de ma vie ; Csaba me répondit qu’un de ses voisins, Christian Grégoire, de Ham-sur-Sambre, collectionneur de son état, avait récemment trouvé, à l’aide de son détecteur de métaux, une « dog tag » marquée au nom de Paul, avec en plus l’Army Serial Number. Cette plaque avait été déterrée d’un terrain argileux qui l’avait gardée en parfait état, bien qu’elle ait été à 25 cm de profondeur. Christian Grégoire l’avait trouvée aux abords de la route Hardigny – Bourcy.

Je réagis en écrivant immédiatement à Paul Deadrich, lui racontant tout ce qui précède. Sa réponse vînt de suite : « Oui, c’est bien ma « dog tag » avec mon Army Serial Number ; mais je ne comprends pas comment elle a pu arriver là. J’ai toujours été persuadé qu’on me les avait enlevées toutes les deux avant de m’opérer et qu’on ne me les avait jamais rendues. Je suis complètement abasourdi et … pour tout dire… très ému. J’aimerais beaucoup récupérer cet objet, en payant s’il le faut. »

Ainsi donc, un collectionneur avait retrouvé, par hasard, une « dog tag » et, toujours par le plus grand des hasards, il avait aussi trouvé le seul homme en Belgique capable de le mettre en contact avec le propriétaire de sa trouvaille. Quelles coïncidences !

Il y avait cependant une chose qui me chiffonnait, c’est le lieu où cette plaquette avait été retrouvée. Selon ce que je croyais savoir, Paul et son infirmier n’auraient jamais pu emprunter la route qui va de Hardigny à Bourcy. Je croyais Bourcy toujours aux mains des Allemands à cet instant du 18 janvier 1945 au petit matin, et je ne voyais pas ce qu’un infirmier américain et son blessé auraient bien pu faire sur cette route. En regardant d’un peu plus près les rapports d’activités des différentes unités impliquées, je m’aperçus que le village de Bourcy était bel et bien libéré depuis le 17 au matin.

En effet, après une forte préparation d’artillerie, les 2ème et 3ème Pelotons du 502nd Parachute Infantry Regiment / 101st Airborne Division libèrent Bourcy ; le 1er Peloton s’occupant des bois au nord-ouest de la localité. Dès le 18 janvier, la 101st est relevée par la 11th Armored (la division de Paul), qui occupe le village et qui y installe très vite un poste de premiers soins (Aid Station). C’est probablement vers ce poste que l’infirmier courageux emmena Paul et dans le voyage chaotique et plein de cahots, où ils durent probablement croiser un char allemand en ruines sur leur chemin, Paul perdit l’une de ses deux « dog tag », sans s’en rendre compte.

Presque 58 ans après, la « dog tag » refaisait surface, pour le plus grand plaisir de tous.

Je fis la connaissance de Christian – qui depuis est devenu un ami, tout comme Csaba – et je réussis à le convaincre de se défaire gratuitement de la plaque d’identité et de la restituer à son légitime propriétaire, en arguant du fait que Paul avait anticipativement payé bien cher le petit plaisir que nous étions en mesure de lui faire.

Christian ne se fit guère prier et, en février 2002, nous nous rencontrâmes, de manière quelque peu cérémonieuse, devant le Sherman de la Place McAuliffe à Bastogne. Il me remit la « dog tag » en me demandant de l’envoyer sans délai à notre ami Paul ; en échange de bons procédés, je lui remis un écusson authentique de la 11th Armored Division.

La « dog tag » est maintenant dans un cadre, juste aux côtés de son Purple Heart, à une place d’honneur dans le living room de Paul Deadrich.

Paul en est très heureux ! Tant Christian, que Csaba ou que moi-même, nous ressentons la satisfaction profonde d’avoir un tant soit peu payé nos dettes ; celles de notre liberté !

 

Bastogne, le 2 février 2002. Christian Grégoire remet la « dog tag » de Paul Deadrich à Roger Marquet. (Photo Monique Marquet).

La dog tag de Paul Deadrich  – la chaînette a été ajoutée par Christian Grégoire  – Photo auteur