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par Roger MARQUET

La 106th Infantry Division

L’attaque brutale, la résistance opiniâtre, puis l’encerclement et enfin la reddition de la majeure partie des “bleus” de la 106 ème Division d’Infanterie sont bien connus. Et s’il est vrai que cette capitulation constitua la plus grande défaite de l’Armée américaine pendant la campagne d’Europe, on oublie trop souvent de dire la magnifique tenue de ces jeunes soldats qui résistèrent, quatre jours durant, sans soutien extérieur, aux assauts des Volksgrenadiers fanatisés, permettant ainsi aux renforts de la 7 ème Division Blindée d’occuper puis de défendre Saint-Vith. Leur combat peut paraître bref, mais leur sacrifice (plus de 7.000 hommes) aura été tout sauf vain.

Cependant, et même si Ralph G. Hill, historien militaire américain qui a fait beaucoup de recherches sur les causes de cette défaite, attribue la plus lourde responsabilité de l’échec au – je cite – “manque d’intégrité, à l’insubordination et à l’incompétence ” (sic) du Général Bruce Clarke (CC B / 7th Armored Division), plutôt qu’aux erreurs ou aux manquements du Colonel Devine (14th Cavalry Group) et du Général Jones (106th Infantry), il n’en reste pas moins que cette défaite est toujours considérée comme le plus grand revers subit par les Américains sur le Théâtre Européen des Opérations.

L’histoire de la 106th dans la Bataille des Ardennes, et surtout la responsabilité des différents officiers généraux dans sa défaite, sont donc, pour le moins controversées.

Il en est de même pour un des membres de cette 106th, dont l’aventure personnelle est directement liée à la défaite de cette division d’infanterie: le Lieutenant Eric Wood.

Le Lieutenant Eric Fisher Wood Jr.

Attaché à la 106 ème Division se trouvait, entre autres unités, le 589 ème Bataillon d’Artillerie de Campagne.
Le commandant adjoint de la Batterie A de ce bataillon était le Lieutenant Eric Fisher Wood, Jr.
Quelques heures avant le déclenchement de l’offensive allemande, le Lieutenant Wood devint le commandant effectif de sa batterie parce que son commandant en titre, le Capitaine Aloysius J. Mencke, avait été capturé par une patrouille allemande alors qu’il se trouvait, de manière assez imprudente pour un chef de batterie, dans un poste d’observation avancé.

Eric Fisher Wood était considéré comme un des sujets les plus prometteurs de sa génération et on lui prédisait un avenir magnifique. Né en 1919 à Santa Barbara en Californie, il était l’aîné d’une famille de 3 garçons et une fille. Il avait passé la majeure partie de son enfance et de son adolescence en Pennsylvanie.

Son père, Eric Fisher Wood Sr., avait mené une vie assez aventureuse. A la fin des années 1910, il avait notamment été chercheur d’or en Alaska et l’anneau de mariage qu’il passa au doigt de son épouse avait été fabriqué dans une pépite qu’il avait trouvée personnellement. Il s’était ensuite distingué pendant le Première Guerre Mondiale, en France, en tant qu’officier dans le Corps Expéditionnaire Américain. Wood Sr. s’arrangea ensuite pour combiner deux activités: celle d’écrivain et celle d’architecte. Il approfondit ses études à la Sorbonne, à Paris et écrivit une biographie du Général Leonard Wood, un de ses ancêtres. Il consacra aussi une part de ses activités, mais sans succès, à briguer un mandat politique.
Avant la Seconde Guerre Mondiale, après une période difficile due au crash de 1929, Wood Sr. avait bien redressé sa situation et se trouvait à la tête d’une entreprise qui portait son nom, il possédait un bel immeuble de rapport ainsi qu’une grosse ferme en Pennsylvanie. Lors de la mobilisation, il réintégra l’armée avec le grade de général de brigade. Sa tâche principale fut de s’occuper  de l’accueil, de la nourriture et du logement des réfugiés venant d’Europe, fuyant le nazisme.

Pendant ce temps, son fils Eric suivait les cours de plusieurs écoles publiques avant d’être gradué de la Valley Forge Military Academy. A Valley Forge, Eric montra de réelles dispositions pour le sport, surtout pour le football et l’athlétisme. Il développa son esprit d’entreprise en dirigeant l’agence de rédaction du journal du campus.

Après son graduat, – en tête de sa promotion – Eric fut admis à Princeton dans la classe 1942 (année de fin d’études). Ceux qui le connurent à cette époque, le décrivent comme un homme d’une maturité exceptionnelle pour son âge, qui n’hésitait pas à donner son avis, même à son père. “Surtout en cas de désaccord, d’ailleurs”, ajoute sa future épouse, Margaret Wadsworth. Et ces désaccords étaient fréquents car le Général Wood était fondamentalement incapable de tenir compte des avis de son fils aîné. Il faut ajouter que le penchant du Général pour la boisson affecta considérablement ses relations avec ses enfants. Il allait d’ailleurs renier un de ses fils, après la guerre.
Malgré tout, il existait des liens forts entre Eric Wood Sr. et Jr. Des liens qui furent tissés notamment lors d’un voyage aventureux en Alaska, en 1929, où toute la famille partit chasser. Eric y tua un élan. Il en conserva le goût pour la chasse et ne ratait pas une occasion de la pratiquer, plus tard, en Pennsylvanie.

A Princeton, où Wood passa 4 ans, il ne fut pas perçu de la même manière que précédemment à Valley Forge. Bien que toujours excellent sportif, on ne le considérait pas comme un champion. Il devint assez solitaire; surtout après un accident de chasse mortel qui survint à son meilleur ami et compagnon de chambre, Andrew Jones, juste avant le début de leur dernière année.
Eric Wood avait toujours eu aussi un côté rebelle, une nature indépendante, voire indisciplinée.

Il sortit de Princeton avec tous les honneurs – de l’Ecole des Affaires Internationales. Il refusa une commission de sous-lieutenant dans l’artillerie de campagne, bien qu’à l’université, il eût suivi avec succès le “Reserve Officers Training Class”.

Une des raisons pour lesquelles il refusa cette commission était la ferme de son père, que celui-ci lui avait demandé de gérer et de superviser. L’autre raison de ce refus fut son mariage. Margaret (Meg) Wadsworth, de Wayne en Pennsylvanie connaissait Eric depuis quelque temps et ils s’étaient fiancés. Les parents (des deux côtés) ne souhaitant pas d’engagement aussi précoce, les tourtereaux résolurent le problème en s’enfuyant dans le Maryland pour s’y marier, en juin 1941, avec Andrew Jones comme témoin. Les règles de Princeton n’admettaient pas qu’un non-gradué soit marié, mais, la guerre fut bientôt là, et on ferma les yeux. La première fille du couple, Pamela, naquit alors que son père était toujours à Princeton.

Après sa sortie de Princeton, Eric Wood trouva un travail à Fairchild Aviation, dans le Maryland; ce qui lui permit de s’occuper de la ferme également.

Cependant la guerre était toujours là qui réclamait de plus en plus d’hommes et, bien qu’il fût père de famille, Eric Wood s’engagea en avril 1943 et il fut bientôt commissionné au grade de sous-lieutenant au 589 ème Bataillon d’Artillerie de Campagne, qui était attaché à la 106 ème Division d’Infanterie.

Pendant plus d’un an, Meg Wood, avec Pamela, suivit son lieutenant de mari de camps en camps, partout où la 106 ème s’entraîna; depuis Fort Jackson en Caroline du Sud jusqu’à Camp Atterbury, en Indiana – dernier logement avant l’entrée au combat.

Eric devint ami avec un autre lieutenant, Ted Kiendl, et, par accord mutuel, les deux hommes en vinrent à changer de commandement respectif. Wood devint alors le commandant-adjoint de la Batterie A du 589 ème Bataillon d’Artillerie de Campagne. Kiendl se souvient de Wood comme d’un garçon au caractère bien trempé, très soucieux des détails; il se rappelle encore qu’Éric voulait savoir faire par lui-même toutes les tâches dévolues aux hommes placés sous ses ordres.

Lorsque la 106 ème division reçut l’ordre de départ pour l’Europe, Meg Wood attendait son deuxième enfant.
Les “Golden Lions” de la 106 ème s’embarquèrent pour l’Angleterre le 20 octobre 1944.
Dès le 2 décembre, ils reprenaient le bateau pour Le Havre d’où ils furent dirigés vers l’Eifel, sur la frontière germano-belge, pour y relever la 2 ème Division d’Infanterie.
Leur voyage sur le continent européen ne fut pas une sinécure: quatre jours passés à bord du bateau à cause du mauvais temps, un jour d’attente sous la pluie faute de camions pour les transporter, un transport long et fatigant dans des camions débâchés, en enfin, encore trente-six heures de patience dans le froid et la pluie, en attendant que la relève soit organisée. Rien ne leur fut épargné avant qu’ils ne puissent reprendre les “foxholes” laissés par les “Indian Heads”.

Pendant que son père, le Lieutenant Eric Fisher Wood Jr, se démenait dans l’Eifel pour faire couvrir de rondins les abris de ses hommes et de ses canons, Eric Fisher Wood III venait au monde, le 8 décembre 1944. Il ne devait jamais connaître son père !

Le 15 décembre 1944, le Général Wood Sr., devenu membre de l’Etat-Major de Eisenhower, où il avait en charge le problème des personnes déplacées, accompagné d’un autre de ses fils officier, Peter, parvint jusqu’à Auw, dans le Schnee Eifel, pour y saluer son aîné. Juste à temps pour le revoir une dernière fois !

Pour les hommes du 589 ème, la guerre devint une affaire personnelle dès le matin du 17 décembre lorsque l’Offensive des Ardennes les frappa de plein fouet.
Ils étaient en position sur la route qui mène d’Auw à Andler, sous le commandement effectif du Major Arthur Parker – qui devint célèbre quelques jours plus tard, à la Baraque-de-Fraiture, où son nom fut à jamais attaché à la bataille pour la défense du carrefour: “Parker’s Crossroads”.

Le bombardement faisait rage lorsque le Major Parker se rendit compte qu’il risquait d’être séparé du reste de sa division et plus particulièrement du 422 ème Régiment d’Infanterie, qu’il avait pour charge de soutenir de ses feux. Parker envoya une patrouille vers Auw pour se rendre compte de la situation; la patrouille fut clouée sur place par l’attaque de la 18.Volksgrenadier Division.

Une patrouille d’une trentaine de fantassins allemands s’attaqua à la Batterie Services du 589th, qui était logés dans quelques fermes sur la route Auw – Andler. Comme ces Allemands n’étaient munis que d’armes légères, les hommes des Services purent défendre leurs positions avec efficacité. Le bruit de ce combat fut perçu aussi bien au CP du bataillon qu’aux Batteries A et B, situées le long de la route. Vers 8.30 heures, le commandant des Services décida d’utiliser ses véhicules pour évacuer son personnel vers Saint-Vith, via Schönberg. Alors que ces soldats quittaient leurs positions, ils purent observer que les Allemands se retiraient également, vers le sud, vers Bleialf.

En entendant arriver les camions des hommes des Services, les gens du CP du Bataillon crurent que les Allemands approchaient avec des chars. Le Bataillon donna immédiatement l’ordre de repli sur Schönberg, puis Saint-Vith. Les hommes de la Batterie B reçurent l’ordre d’abandonner leurs pièces et de filer, en camions, vers la même position de repli.

Malgré les ordres d’abandon des canons, le Lt Wood fit d’abord ouvrir le feu à l’un de ses 4 canons, puis donna l’ordre de retraite, mais en emmenant les pièces.

Lorsqu’il devint évident que les fantassins du 422 ème allaient être encerclés et qu’eux-mêmes risquaient de l’être aussi, Parker donna donc l’ordre de repli. Le but était d’abord de rejoindre la route de Schönberg à Saint-Vith. Les artilleurs détruisirent les obusiers de 105 qui étaient enlisés et se préparèrent à un repli hasardeux vers Schönberg que Parker croyait toujours aux mains des Américains.

Ce n’était plus le cas, malheureusement ! Déjà, le 16 dans la matinée, Schönberg avait subi un tir d’artillerie aux alentours de l’église et du pont sur l’Our, qui avait fait 4 victimes civiles. Et, dès 8.30 heures, en ce dimanche 17, les Volksgrenadiers de la 18 ème Division avaient fait irruption dans la petite ville, y capturant, outre le pont intact, quelques éléments de l’artillerie du VIII ème Corps américain (333rd Field Artillery Battalion).

Quoiqu’il en soit, le convoi de Parker se mit en route.

A la Batterie B, un canon s’était enlisé. Le Lieutenant Wood, aidé par le Sergent Scannapico et onze autres artilleurs restèrent en arrière pour tenter de le ramener. Ils réussirent à l’accrocher au tracteur et se mirent en route à leur tour. Malheureusement, ils avaient perdu Parker et son groupe de vue. Qu’à cela ne  tienne ! Ils seraient bien capables de s’en sortir seuls. Ils déboulèrent dans Schönberg à toute vitesse, au beau milieu des Allemands, un peu abasourdis. En arrivant près de l’église, Scannapico aperçut un char allemand qui les prenait comme cible.
“Continue, et dès que je crie stop, tu piles sur place”, ordonna le Lieutenant Wood au chauffeur Kroll.

Le char se rapprochait dangereusement.

“Stop – Débarquez”, hurla Wood.

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, les hommes sautèrent du camion et l’un d’entre-eux, Campagna, armé d’un bazooka, tira, et fit mouche du premier coup, immobilisant la tourelle du char allemand. Sans perdre de temps à se congratuler, car le feu des mitrailleuses ennemies se faisait plus pressant, les artilleurs rembarquèrent et le véhicule se remit en mouvement, vers le pont sur l’Our.

Scannapico aperçut alors un deuxième char qui semblait attendre qu’ils passent le pont pour mieux les ajuster. Ce char se trouvait dans un petit chemin à leur droite (il s’agit du chemin qui mène actuellement au camping de Schönberg). Kroll s’arrêta à nouveau et Scannapico, toujours accompagné de Campagna et de son bazooka sautèrent du camion et tentèrent un nouveau coup au but. Cette fois, malheureusement, ils n’y parvinrent pas et ils tentèrent de rembarquer à nouveau. Campagna y réussit, mais pour le sergent Scannapico, la chance avait tourné. Il reçut une balle dans le flanc et fut tué, pratiquement sur le coup.

Wood ordonna le départ et ils franchirent le pont, sans – assez inexplicablement d’ailleurs – aucune réaction du char allemand. Ils montèrent ensuite une petite côte, pour se trouver, après la sortie de Schönberg, en face d’un barrage allemand, 75 mètres devant eux. Un char Mark IV pointait son canon droit sur eux. Pas moyen de faire demi-tour !
“Dehors – Filons”, ordonna le Lieutenant.

Les hommes s’éjectèrent dans les fossés, mais Kroll, le chauffeur fut blessé; sa blessure ne semblait pas trop grave et pourtant son corps sans vie fut retrouvé, après la bataille, avec une balle dans la tête. Les survivants sont convaincus qu’il fut abattu sommairement.

Dans le fossé, le long de la route, les hommes de Wood retrouvèrent des gens de la Batterie B et même des Noirs d’une unité ségréguée, le 333 ème d’Artillerie. Les hommes n’avaient que leurs armes individuelles et le char se faisait à nouveau menaçant. Tout à coup, un des soldats enleva son casque, leva les mains et entreprit de se rendre. Bientôt, un voisin l’imita. Et malgré les cris et les ordres du Lieutenant Wood, ils se mirent tous à se constituer prisonniers. Wood ne l’entendait pas de cette oreille; en tout cas, pas pour lui ! Il n’était pas venu de sa lointaine Pennsylvanie pour se rendre ainsi, au premier combat, lui, un fils de général ! Il tourna la tête dans tous les sens et constata que le seul moyen de s’enfuir était de bondir sur sa droite et de tenter de gagner les bois touffus, à une bonne centaine de mètres. Très risqué ! Mais c’était la seule solution pour éviter la capture. Wood ne réfléchit pas longtemps et il jaillit du fossé comme un diable de sa boîte, au nez et à la barbe des Allemands. Il courut de toutes ses forces en montant la côte – ici, ses qualités sportives lui vinrent bien à point – et, par une chance extraordinaire, réussit à atteindre la forêt sans être touché par le feu – assez désordonné, il faut bien le dire – des grenadiers. Sauvé !

Dans les bois, il fut bientôt rejoint par quatre compagnons. Mais ceux-ci n’échappèrent pas à la capture ultérieurement. Wood fut le seul du groupe à réussir son évasion.

Et c’est ici, le 17 décembre 1944, dans l’après-midi, que s’arrête l’aventure connue du Lieutenant Eric Fisher Wood Jr.

La suite ne relève que de témoignages indirects de soldats allemands, américains et de civils de la région germanophone de Belgique.

Et plus spécialement de celui de Johann Peter Maraite.

Peter Maraite était un cultivateur habitant Meyerode, un petit village à une dizaine de kilomètres au nord, nord-est de Saint-Vith. Le lundi 18 décembre, vers 3 heures de l’après-midi, alors qu’il arpentait la forêt à la recherche d’un sapin de Noël, il aperçut, au lieu-dit Mutesheck, deux soldats américains armés qui lui faisaient des signes. S’approchant d’eux, il réussit à comprendre, malgré le fait qu’il ne parlait qu’allemand, sa langue maternelle, que les deux hommes avaient besoin d’aide. Peter arriva, avec force gestes, à leur faire comprendre que, bien que germanophone, il n’était pas leur ennemi. Au contraire, il leur proposa, malgré le danger que cela représentait pour lui et sa famille, de le suivre chez lui, à Meyerode qui était pourtant déjà approché par des éclaireurs des troupes allemandes. A la tombée du jour, Maraite amena donc les deux Américains chez lui. Son épouse, Anna-Maria, était gravement malade et, pour cette raison et aussi parce qu’elle avait peur que ces Américains” ne soient que des Allemands déguisés”, Eva, leur fille d’une vingtaine d’années, n’apprécia pas beaucoup les visiteurs impromptus que lui ramenait son père. Enfin, les lois de l’hospitalité aidant, les deux G.I.’s furent malgré tout chaudement accueillis. Peter, Anna-Maria et Eva Maraite décrivirent plus tard ces deux hommes comme suit:

l’un semblait être un officier (“avec une simple barrette sur les épaules” ajoute Peter Maraite), un homme grand et fort, environ 25 ans. En fait, lorsqu’on leur montra une photo d’Eric Wood (où figuraient d’autres personnes qu’Eric), quelques mois plus tard, ils reconnurent l’un des Américains qu’ils avaient hébergés.

Le deuxième soldat était plus petit et ne portait aucun insigne. Il avait un fusil, pas une carabine, ce qui laisse supposer qu’il était probablement une recrue. Le Lieutenant Wood portait une veste mi-longue, un pistolet, des cartes. Les deux soldats avaient des gants, écharpes, casques et sous-casques et des bottillons de neige (artic shoes). Il semblerait que le simple soldat était un rescapé du 423 ème Régiment d’Infanterie. Ils étaient bien pourvus en munitions car, à peine arrivés chez Maraite et devant un café brûlant, ils se mirent à nettoyer ces munitions et à les compter avec une satisfaction évidente. Comme Eric Wood ne parlait pas allemand, Peter Maraite prit le risque d’aller chercher son voisin, Jean Schroeder, qui avait travaillé dans le secteur de l’hôtellerie, en Angleterre et qui parlait donc anglais.

Les deux G.I’s firent sécher leurs vêtements, on leur servit à souper et, pendant qu’ils mangeaient, Wood raconta – avec l’aide du traducteur improvisé, Jean Schroeder, -l’histoire de sa retraite mouvementée, celle de son évasion dans les bois, de sa rencontre avec son compagnon, et surtout il parla de son intention de ne pas se rendre et de tenter de retrouver son unité, ou ce qu’il en restait à Saint-Vith. Ses hôtes lui dirent leurs craintes, car toute la région était truffée d’Allemands, l’offensive semblait être de grande envergure et, pour ce qui était de Saint-Vith, on pouvait déjà voir des incendies dans la ville depuis les hauteurs du village. Cela ne sembla pas décourager le Lieutenant Wood qui, selon certaines versions, leur déclara, simplement, sans effet de manches, que s’il ne parvenait pas à rejoindre son unité, alors :

-“il essayerait de rassembler quelques Américains qui devaient errer dans les bois, et mènerait sa guerre personnelle”. En aucun cas, il ne se rendrait et il était prêt à commencer “sa” guerre tout de suite. Signalons tout de suite qu’Eva Maraite ne confirme aucunement ces déclarations sur une intention de mener une guerre “personnelle”. Quoiqu’il en soit, Les Maraite le dissuadèrent de partir tout de suite, et lui conseillèrent fortement de passer la nuit chez eux.

“Nous lui montrâmes sur la carte, l’endroit exact où il était, et nous lui donnâmes les quelques renseignements que nous avions sur les routes tenues par les Allemands; ce qui sembla lui faire plaisir” raconta Peter Maraite.

Un grand lit pour deux leur fut fourni et les deux hommes harassés, prirent une courte nuit de sommeil réparateur.

Un V-1 explosa dans Meyerode pendant la nuit, mais, au grand amusement de la famille Maraite, cela ne réussit même pas à éveiller les deux G.I.’s. Vers 5 heures du matin, Peter Maraite les éveilla. On les fit déjeuner solidement, ils nettoyèrent leurs armes, puis, muni d’un bon paquet de tartines, ils s’en allèrent. “Tout semblait tranquille dans la forêt, et, vers 7.00 heures, en ce matin du 19 décembre, je les laissai partir, accompagnés de tous mes voeux de réussite”, ajouta Peter Maraite.

Ce que fit le Lieutenant Wood pendant le mois qui suivit, personne n’a pu en apporter une preuve absolument formelle.

La version la plus communément admise, et que reproduisent la plupart des récits et des livres, est qu’il mena une guerre de guérilla dans la sombre forêt de l’Eifel, plus particulièrement dans l’Ommerscheider Wald, zone située entre Meyerode et la route Saint-Vith – Schönberg; aux endroits dénommés Delerberg, Hommervenn, Treisbacherberg, Attenborn, Schmitztkessel, Ahleberg, Die Ermitage, etc…

Meyerode était devenu le quartier-général du Général Sepp Dietrich, commandant la 6. SS Panzer Armee. Selon certaines sources, le village constitua aussi le quartier-général provisoire avancé du Feldmarschall Model. Des convois de ravitaillement, de munitions, des officiers supérieurs escortés, se rendaient journellement à Meyerode pendant toute la durée de l’offensive. Chaque jour, un ou plusieurs de ces convois se faisaient attaquer et parfois dépouillés dès qu’ils pénétraient dans les bois. C’est ce qui ressort, selon cette version acceptée par la plupart des écrivains, de nombreux témoignages faits spontanément aux habitants du village par des officiers (dont Sepp Dietrich lui-même ?) et des soldats allemands qui logeaient chez eux. Ces “bandits”, comme les nommaient les Allemands, faisaient beaucoup de dégâts, de blessés et de tués dans leurs embuscades. D’après ces mêmes témoignages, ces Américains, au nombre d’une petite centaine, étaient des membres des 422 ème et 423 ème Régiment d’Infanterie. Ils étaient commandés par un jeune lieutenant “grand et à la carrure imposante”. Toujours selon cette version, pour les habitants de Meyerode et plus particulièrement pour la famille Maraite, il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait du jeune officier qu’ils avaient hébergé pour une nuit.

Les “maquisards” américains vivaient sur ce qu’ils trouvaient dans les convois attaqués et auraient ainsi tenu jusqu’aux environs du 22 janvier 1945.

Il existe également un témoignage américain, que l’on peut considérer comme “favorable” à la thèse de la guérilla menée par Wood. C’est celui de James P. Buck,  mais qui préfère ne pas en dire plus que ce qui suit (pour quelles raisons ? On l’ignore.):

James Buck n’était plus un fantassin. Il avait été détaché comme rapporteur auprès du Département des Juges et Avocats du Quartier Général de sa division. Lorsque la 106 ème avait débarqué en Europe, il avait cependant été décidé que son travail serait plus efficace s’il accompagnait son régiment. Il se trouvait donc avec le 423rd/106th Inf. quand, le 18 décembre, celui-ci commença son mouvement destiné à tenter de briser son encerclement. Ce mouvement allait rapidement avorter, mais Buck et un autre compagnon réussirent à se retrouver, ils ne savent pas très bien comment eux-mêmes, quelque part sur la route vers Saint-Vith. Ils rencontrèrent alors un groupe d’Américains, apparemment très motivés, qui leur déclarèrent qu’ils comptaient mener leur propre guerre contre les Allemands. Ils insistèrent pour que Buck et son copain restent avec eux. N’ayant pas d’autre solution, les deux fuyards s’installèrent pour la nuit avec ces “desperados”. Pendant la nuit, Buck ne pouvait pas dormir, il réfléchissait. Et plus il pensait, plus il trouvait que ce n’était pas une très bonne idée de rester avec ces types. Avec son compagnon, il prirent la décision de filer en douce. Ils réussirent finalement à atteindre Saint-Vith. James Buck n’en dit pas plus sur ces candidats guérilleros; il fait seulement remarquer que le terrain entre Schönberg et Bullange se prête admirablement bien à des actions de guérilla.

Le deuxième témoignage favorable à Wood et à son équipée est plus complexe. Il résulte de conclusions que l’on peut éventuellement tirer des déclarations d’E. Hubert Meyer, l’Officier des Opérations de la 12.SS Panzer Division.

Celui-ci raconte que, le 20 décembre, l’avant-garde de la 12. SS Panzer Division, appuyée par un régiment de la 12.Volksgrenadier Division déclenchèrent la première attaque sur Butgenbach. L’artillerie américaine, les canons antichars et les fantassins du 26th Infantry Regiment mirent cette offensive en pièces. La 12.VGD refusa d’attaquer à nouveau tant qu’elle n’aurait pas reçu les fusils d’assaut qui leur avaient été promis. On fit alors appel à la 3.Fallschirmjäger Division, qui n’avait pas encore combattu, et on lui donna l’ordre de reprendre l’offensive à son compte. Curieusement, cette division ne bougea pas; au grand étonnement des officiers américains du 16th Infantry Regiment qui attendaient cette attaque aux environs de Waimes. Le Major- Général Fritz Kraemer, Chef d’Etat-Major de la 6.Panzer Armee voulut évidemment connaître les raisons de cet immobilisme. La 3.FSJ.Div. répondit qu’il lui était impossible de mener une offensive à bien, car elle était constamment harcelée sur ses arrières, au sud, par des attaques américaines.

Or, si l’on sait que, dans le secteur de Meyerode, Wereth, Faymonville, il n’y avait plus officiellement aucune troupe américaine, depuis la retraite du 18th Cavalry le 17 décembre vers midi, on est en droit de se demander qui pouvaient être ces Américains qui harcelaient la 3.FSJ Div.

Qui d’autre sinon des Américains encerclés qui auraient décidé de ne pas se rendre ? Qui d’autres que le Lieutenant Wood et ses hommes ?

Mais que furent réellement les actions de ces guérilleros ? Combien étaient-ils ? Qui les commandaient ? Jusqu’à quelle date menèrent-ils leur guérilla ?

Nul ne peut le dire avec certitude puisqu’apparemment aucun d’entre-eux ne survécut.

Bien après la bataille, le 25 février 1945, le Bourgmestre de Meyerode, Jean Pauels, chargea deux villageois, August Pauels et Servatius Maraite, de guider un détachement américain, dans la forêt, vers un endroit où, selon ses dires, Peter Maraite, avait retrouvé, quelques semaines plus tôt le corps du lieutenant qui avait dormi chez lui. (Servatius Maraite affirme que c’est lui-même qui avait découvert le corps, auparavant).

Près d’un carrefour de six chemins forestiers, entre Meyerode et Meyerode-Mühle, au lieu-dit Kohlkaut, ils retrouvèrent le cadavre d’un jeune lieutenant américain; ses grades sur ses épaules étaient toujours visibles, il n’avait plus d’arme, ni « d’artic shoes », mais il portait toujours ses papiers d’identité – Servatius Maraite ne se souvient pas de ce détail – et une somme de quelques 4.000 francs belges dans les poches.

Il s’agissait du Lieutenant Wood !

Il était entouré des corps de sept soldats allemands, comme si, pour son ultime combat, il avait tenu à emmener avec lui le plus d’ennemis possible.
Dans une déclaration signée de sa main, Maraite, déclare que ces sept corps n’étaient qu’une infime partie du nombre de cadavres ou de tombes allemands que l’on avait retrouvés dans la région. Selon lui, ce nombre avoisine les 200.

A 300 mètres de l’endroit où fut découvert le corps de Wood, le détachement américain trouva également les restes d’un soldat de la 82 ème Division Aéroportée, le Pfc Lehman M. Wilson.
Les experts déterminèrent que la mort du Lieutenant Wood remontait aux environs du 22 janvier; ce qui correspondait tout à fait à la date à laquelle les villageois de Meyerode étaient sensés avoir constaté la fin des coups de feu dans les bois. Ce qui laisse supposer qu’Eric Wood aurait été le dernier à succomber.

Cette version héroïque de la mort de son fils, le Général Wood allait s’employer à la faire connaître et à monter un dossier pour obtenir l’attribution posthume de la Médaille d’Honneur du Congrès (Congress Medal of Honor).

Les autorités de Meyerode, sur la suggestion du Général Wood, dressèrent un mémorial à l’endroit où le corps d’Eric Wood fut retrouvé. Sur une grosse croix de pierre, on peut lire ces mots (en anglais, la langue d’Eric et en allemand, langue vernaculaire): “Ici tomba, en janvier 1945, dans un combat héroïque contre l’Offensive allemande, ERIC FISHER WOOD, Capitaine de l’Armée des Etats-Unis”. Le caractère approximatif de l’anglais utilisé ainsi que l’erreur de grade démontre qu’il s’agissait bien là d’une réalisation de la population locale.

Voici comment les choses ont pu se passer.

Après la guerre, le Général Wood (décédé en 1962), peiné par la disparition de son fils, et souhaitant lui rendre honneur, propagea (inventa selon certains) l’histoire de la guérilla menée par son fils. Il visita Meyerode à plusieurs reprises, offrit un calice et une pierre incrustée dans l’autel, à l’église du village, envoya des colis de friandises aux enfants des écoles pour Noël; bref, il fut accepté comme un bienfaiteur et un ami par les autorités de Meyerode. Il suggéra alors vraisemblablement au Bourgmestre Pauels de faire dresser un monument commémoratif dans la forêt, à l’endroit où l’on retrouva le corps de son fils. Pauels n’y vit aucun inconvénient et chargea deux ouvriers communaux de Meyerode, Nikla Giebels et Heinrich Luxen, de réaliser ce monument. Une ancienne croix en pierre de Recht fut retaillée, une phrase y fut gravée (par la firme Schifflers de Saint-Vith) et le monument fut mis en place. Beaucoup d’historiens, par la suite, considérèrent que cette croix avait été une initiative de la population de Meyerode. Comme on vient de le voir, il n’en est rien. Tout au plus s’agit-il d’une réalisation des autorités, sollicitées – et peut-être financées – par le général Wood.

Ce problème du monument résolu, il reste maintenant à examiner la réalité de la guérilla du Lieutenant Wood.

Disons d’emblée, que si le Lieutenant Wood n’a pas réellement mené de telles actions, il en aurait bien été capable. Ses qualités d’officier, de gentleman (selon les mots exacts de sa veuve), de conducteur d’hommes, unanimement reconnues par tous les anciens du 589th Field Artillery Battalion qui lui vouent une véritable dévotion, montrent qu’il aurait très bien pu les réaliser.

L’va-t-il fait, ou fut-il tué avant ?

Les témoignages auxquels son général de père fait référence pour asseoir cette histoire, sont pour le moins imprécis.

Voyons cela de plus près :

Les civils de la région ont entendu de nombreux coups de feu ou explosions dans la région pendant cette période. Rien d’étonnant à cela puisque plusieurs Etat-Majors étaient fixés dans le coin et que les troupes de sécurité devaient tout de même s’entraîner quelque peu.

Eric Wood aurait entraîné plusieurs dizaines de soldats américains, perdus comme lui dans les bois, dans ses actions de “maquisard”. Malheureusement, aucune identité de ces soldats n’a jamais été retrouvée et le fait qu’aucun d’entre-eux n’aurait survécu semble bien improbable.

Voilà donc les arguments en faveur de l’aventure guerrière d’Eric Wood en grande partie réfutés !

L’histoire fut-elle donc inventée de toutes pièces par un père désireux de parer son fils, fut-ce à titre posthume, des plus hautes qualités militaires de coeur et de courage ?

Ce n’est peut-être pas aussi simple !

Rappelons que la date officielle de la mort d’Eric Wood est fixée au 17 décembre. Son corps fut retrouvé à la fin janvier 1945 et sa mort fut arbitrairement fixée au jour de sa disparition. Or il est prouvé par Peter Maraite (décédé en 1949) et sa famille – et notamment sa fille Eva (toujours en vie en 1996) – qu’Eric Wood était toujours vivant le 19 décembre au petit matin, lorsque Peter lui fit “un bout de chemin”. Le lieutenant Wood fut probablement porté disparu (MIA = Missing In Action) le 17/12. Or nous savons qu’il était toujours en vie le 19 !

Pourquoi alors, n’aurait-il pas toujours été vivant le 20 ou 22 janvier 1945, après avoir fait sa guerre personnelle ?

Au sujet de la date de cette mort, gravée sur la tombe, Ralph Hill rappelle que le mois de février 1945 connût un climat pénible et que la tâche des services d’enregistrement des tombes ne fut pas facile. On ne peut pas imaginer qu’il n’y eut aucune erreur commise dans de telles conditions.

Nous avons aussi les témoignages de James Buck et d’Hubert Meyer qui sont de nature à étayer l’hypothèse de la guérilla.

Bien après la guerre, une polémique violente opposa les uns et les autres sur la réalité des combats menés par Eric Wood. Le principal “opposant” à la version connue de l’histoire de Wood était le Sergent Frank Aspinwall, de la Compagnie Etat-Major du 589 ème Bataillon d’Artillerie de Campagne. Celui-ci prétendait, entre-autres choses que la mort de Wood avait été officiellement enregistrée le 17 décembre, que son corps aurait été retrouvé sur l’autre rive de l’Our à une dizaine de kilomètres de Schönberg. Aucun document officiel ne venait corroborer les dires d’Aspinwall. Les anciens amis d’Eric Wood prirent sa défense, notamment Ted Kiendl, qui vivait alors à Paris, qui certifia que les traits de caractère et de comportement décrits par Peter Maraite identifiaient Eric Wood à coup sûr.

Selon l’historien Gerald Astor, cette polémique se termina lorsqu’on apprit que Frank Aspinwall était un ancien aspirant officier “sudiste” qui avait des raisons d’en vouloir aux officiers “yankees”, notamment pour une histoire de commission refusée. C’est faire peu de cas du témoignage d’un homme sincère qui ne cherchait pas à diminuer Wood – que par ailleurs il admirait – mais qui tentait seulement d’établir la vérité.

La polémique fut très vive; des lettres d’avocats furent échangées et l’on faillit aller jusqu’au procès.

Charles Whiting, l’historien bien connu, fit de nombreuses recherches, dans la région de Saint-Vith, interrogeant les habitants, se rendant sur les lieux…

D’autres, comme le Capitaine Ralph Hill, de la 1ère Division d’Infanterie, auquel nous avons déjà fait référence, ou R. Ernest Dupuy, enquêtèrent également.

Beaucoup sont d’accord maintenant pour considérer comme parfaitement possible, mais pas nécessairement réelle, la guérilla menée par Wood et ses hommes en décembre 1944 et janvier 1945, dans les sombres forêts des environs de Saint-Vith.

Le Général Wood n’obtint cependant pas la “Congress Medal of Honor” pour son fils car le Département de la Guerre estimait qu’il fallait qu’il y eût des témoins oculaires des actions accomplies pour mériter un tel honneur; et il ne s’en trouva  point !

Le Lieutenant Eric Fisher Wood est néanmoins titulaire, à titre posthume, de la Bronze Star, de la Silver Star, de la Distinguished Service Cross, du Purple Heart; il est aussi Chevalier de l’Ordre de Léopold avec palme et titulaire de la Croix de Guerre 1940 avec palme. La citation qui accompagne les décorations belges mentionne que :

“… encerclé avec une poignée d’isolés dans la forêt de Bullange, a tenu du 18.12.44 au 22.1.45 l’ennemi en échec par d’audacieux coups de main. Est tombé glorieusement pour la Belgique, les armes à la main, après avoir épuisé tous ses moyens de défense”.

Eric Fisher Wood Jr. est enterré au Cimetière Militaire Américain de Henri-Chapelle (Plot G, Rangée 3, Tombe 46). La date officielle de sa mort, qui y est gravée, est toujours fixée au 17 décembre 1944.

La question de la vérité sur le combat d’Eric Wood et de ses hommes ne trouve donc pas ici de réponse formelle et définitive. Nous avons la faiblesse de penser que l’énigme posée par l’histoire de Wood en restera une… Et peut-être pour toujours !

Cette question non résolue à l’avantage de laisser à chacun des lecteurs le soin d’apprécier par lui-même toute cette histoire.

En définitive… Légende ou réalité ?

A vous de juger, ami lecteur !

Je tiens encore à signaler que la rédaction de cet article n’a été possible que grâce à Madame Adda Rikken, membre du CRIBA, qui m’a beaucoup parlé d’Eric Wood, qu’elle a elle-même appris à connaître au travers de ses conversations avec Bob Lowry, camarade de promotion de Wood à Princeton, par Eva Maraite qui lui a raconté le court séjour d’Eric sous son toit, par la visite et la correspondance échangée avec Meg Wadsworth, la veuve d’Eric et par les survivants du 589th qui vouent au Lieutenant Wood une dévotion émouvante. Pour Adda Rikken, ainsi qu’elle le disait au fils du Lieutenant Wood, Eric Fisher Wood III, “le véritable monument à son père, bien qu’invisible, c’est l’affectueuse et respectueuse dévotion que lui portent ses hommes. L’autre, la croix dans l’Ommerscheider Wald, c’est l’endroit où peuvent se recueillir des vétérans, des familiers, des amis, anciens ou nouveaux, de cet homme qui fut, et cela est incontestable, un grand et bon soldat”.
Merci, et du plus profond du coeur, chère Adda, d’avoir accordé  votre aide, vos connaissances et tant de votre temps et de votre confiance à un amateur, qui, au départ, vous était totalement inconnu.

SOURCES.

  • Entretiens, lecture de documents, visionnement de photos, avec Mme Adda RIKKEN-SCHMIT, de Gouvy.
  • Correspondance de Ralph G. HILL, Jr, de Wyomissing, Pennsylvania
  • Traduction d’extraits d’une déclaration de Peter MARAITE, A.RIKKEN, Novembre 1996
  • Témoignage de James P.BUCK, de Tustin, Californie – 423rd Reg./106th Inf.Div.
  • Extraits d’un récit du Generalmajor Fritz Kraemer, Chef d’Etat-Major de la 6.Panzer Armee.
  • Extraits d’un récit de Hubert MEYER, Officier des Opérations – 12. Volksgrenadier Division.
  • Arrêté n° 6766 du Régent Charles du 24 janvier 1950
  • Narrative of Action of the 589th Field Artillery Battalion – War  Department – The Adjutant General’s Office, Washington.
  • Account of Action, Service Battery, 589th Field Artillery Battalion –  War Department – The Adjutant General’s Office,
    Washington.
  • Report of Medical Detachment, 589th Field Artillery Battalion –  War Department – The Adjutant General’s Office, Washington.
  • Journal, 589th Field Artillery Battalion –  War Department – The Adjutant General’s Office, Washington.
  • The Incredible Valor of Eric Wood – Col; USA ret. R.Ernest Dupuy – 106th Division Association Website.
  • Correspondance avec Mr Patrick M.HUBAI, Surintendant du Henri-Chapelle American Cemetery.
  • A BLOOD-DIMMED TIDE, de Gerald ASTOR – Dell Publishing – New- York, 1994
  • MORT D’UNE DIVISION, de Charles WHITING – Foxmaster & Pozit Press Belgium – Jalhay, 1992
  • SAINT-VITH – LA BATAILLE D’ARDENNE, du Colonel Alexandre MASSART – Ed.Foxmaster, Jalhay, 1995.
  • ARDENNES 1944 – PEARL HARBOUR EN EUROPE – Première partie – de Lucien CAILLOUX –  réédition du CRIBA, 1996.
  • ASPECTS DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE AU PAYS DE SAINT-VITH, de Kurt FAGNOUL – Cahiers d’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale – Centre de Recherches et d’Etudes Historiques de la Seconde Guerre Mondiale.
  • A TIME FOR TRUMPETS, de Charles B.McDONALD – Bantam Edition,  New- York, 1985
  • LA GRANDE BATAILLE DES ARDENNES EN BELGIQUE ET AU LUXEMBOURG, de Hugh M.COLE – Omer Marchal Editeur, Villance, 1994.

Photos: tombe de Eric Wood à Henri-Chapelle(x) monument commémoratif(x) photo d’Eric Wood (x)    maison Maraite en 1944(x) Ted Kiendl en 1994.(x)

Roger MARQUET
Fonds de Forêt, 67
4870 TROOZ
BELGIQUE

Trooz, le 16 mai 1997

Dear Friend,

My interest for the Battle of the Bulge and especially for the Lieutenant Eric Wood’story brings me a lot of informations about it. My previous intention was to write an article for CRIBA INFO about Wood’story. But as I am seeing a new polemic developing again, I decided to stop now my investigations about that story and I also decided not to publish any article on the subject.
Did Eric Wood lead a guerilla in the German rears during the Bulge ? Or was he killed as written on his grave, on December 17th, 1944 ?

I have my own feeling about this subject but as I have no undoubtful proves, my anwer will be : I do not know.

Did General Wood devise that story for glory or was Eric Wood a true hero ? Once again, I have my own answer but no proves again … so : I do not know.

Were the German speaking Belgians sympathizers with Americans or were they pro-Germans ? With statistics, it is quite easy to answer to this question but no statistic could give you the answer about the few people of Meyerode who are concerned in the Wood’story. I do not wish to maybe re-open old injuries and I will not make further investigations. So my answer is here also : I do not know.

For sure, I want to tend to be an amateur historian and my behaviour might have been to go on my investigation …

Yes, if the Wood’story was an important one as the whole Battle of the Bulge is concerned.

No, if you consider that story just like it is: without any big importance for the History.

In another way, I am just about to be sure that someone owns crucial proves about the different behavioury attitudes of the protagonists of this affair. But it is not me and I believe that person will never reveal these proves.

So, considering that any extra research would be vain and that any publishing could injure some still alive people, I definetely make an end to my investigations. For me, that story is out.

Best regards.

Sincerely,

Roger Marquet

Copy sent to:

  • Adda Rikken, Gouvy, Belgium
  • Ralph Hill, Wyomissing, Pennsylvania
  • John Gatens, Fair Lawn, New Jersey
  • James Buck, Tustin, California
  • Gerald Astor, Scarsdale, New York
  • Ralph Storm, Eau Claire, Wisconsin
  • André Hubert, Langlir, Belgium
  • Roger Maes, La Louvière, Belgium

Coupure de presse plutôt favorable à la ‘’guérilla’’ de Wood – Ph.Pittsburgh Press 1946