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(Paraphrase du titre du livre de Dominique Lapierre et Larry Collins,
‘’Paris-brûle-t-il ?

Oui, Il y a 75 ans, Berlin brûlait…

(Article écrit le 25 avril 2020)
Par Roger Marquet

Un soldat allemand – probablement en permission – contemple les ruines du Reichstag – Photo histoire-image.org.

… ou Berlin avait brûlé ! Quelques mois plus tôt, lors de la Bataille des Ardennes, ce sont les citadins Rochois, les Malmédiens, les Houffalois, les Saint-Vithois, les Bastognards et tant d’autres villageois Ardennais qui ont dû contempler leur ville ou leur village en train de brûler après un bombardement (soit allemand, comme Bastogne, soit américain ou britannique comme tous les autres). Bien que d’autres villes allemandes, Dresde notamment, aient subi un sort plus cruel encore, la capitale allemande représenta aux yeux de ces Ardennais – quand ils l’ont su – un symbole de l’Allemagne honnie et, pourquoi ne pas le dire, leur désir de vengeance était assouvi. Ce n’est peut-être pas très moral, ce souhait de vengeance, mais, à la guerre, il n’y a plus de morale

Berlin est donc aux mains des Russes.

Comment cela s’est-il passé ?

Le 15 avril au soir et le 16 au matin, les chars russes ont fait leur apparition au sud de la capitale du Troisième Reich. Pour les Russes, comme pour tout le monde, la prise de Berlin signifiait la fin de la guerre en Europe et l’écroulement du nazisme.

Des milliers d’habitants se ruèrent alors vers l’ouest car ils préféraient de beaucoup être sous la domination des Alliés (surtout les Américains) que dans les mains des Russes (surtout Soviétiques)

Les Berlinois utilisèrent tous les moyens de locomotion possibles (trains quand il en restait, trams jusqu’au bout des rails, bus quand ceux-ci ne servaient pas de barrage routier, autos quand ils avaient de l’essence, vélos quand ils avaient des pneus, motos quand elles n’étaient pas déjà réquisitionnées, et bien sûr à pied, en poussant, qui une charrette, qui un landau, qui une brouette, parfois avec Oma ou Opa dedans ou plus simplement en portant un sac ou une valise.

Les autres se terrèrent dans les abris, les caves et les souterrains du métro.
Partout, sur les routes comme dans Berlin, les gens étaient terrorisés ; ils avaient peur des moujiks dont la réputation de bestialité les précédait. Et puis, pour ceux qui connaissaient le comportement des soldats allemands en Russie, ils avaient une peur panique de la vengeance de ces terribles russes. Et ils avaient raison d’avoir peur.

Les Autorités militaires de la ville recrutèrent tous les hommes valides de 16 à 60 ans, les rares volontaires, les jeunes adolescents des ‘’Jeunesses Hitlériennes’’, les malades, les blessés encore convalescents mais toujours ingambes pour former une troupe populaire que l’on dénomma ‘’Volksturm’’. Ils devaient renforcer les unités SS qui demeuraient à Berlin (dont des Belges de la Division Wallonie et des Français de la Division Charlemagne). Le ‘’Volksturm’’ ainsi constitué, ces nouvelles recrues partaient au combat sans uniforme (on en a vu en costume, col, cravate) avec un brassard ; parfois avec un Panzerfaust pour seule arme.

Les Berlinois non-enrégimentés construisirent des barricades, des barrages anti-char et creusèrent des tranchées.

Parmi les troupes régulières, le nombre de désertions augmentait d’heure en heure. Le spectacle qu’offraient les troupes montant au combat ne réconfortait guère les civils. Voir des vieux et des gamins monter au front (si front il y avait encore) ne raffermissait pas le moral.

Et pourtant, malgré les bombardements alliés et les milliers d’obus soviétiques qui détruisaient les quartiers les uns après les autres et les victimes civiles que cela entraînait, Berlin résista.

Les nids de mitrailleuses, le réseau de barbelés et les tranchées ne purent contenir la marée Russe. Les Soviétiques avançaient inébranlablement à travers les rues encombrées de ruines, d’épaves de toutes sortes et les tranchées remplies de gravats et de cadavres.

Hitler refusait toujours de battre en retraite. Il donna même l’ordre insensé d’attaquer partout où l’ennemi avait percé des brèches et de maintenir les positions à tout prix. Les suicides d’officiers se multipliaient, eux qui préféraient la mort au déshonneur. On pouvait remarquer ci et là des hommes pendus haut et court aux réverbères, avec une pancarte accrochée au cou disant : ‘’Je suis un traître’’. La Gestapo était toujours active et chassait les déserteurs ou ceux considérés comme tels pour les pendre.

Bientôt, les Russes convergèrent vers Berlin depuis le nord, le sud et l’est.

Les occupants du bunker de la Chancellerie (le Führerbunker) avaient fêté, le 20 avril, le 56ème anniversaire d’Adolf Hitler. Les collaborateurs de la première heure (Goebbels, Goering, Himmler, Bormann, Speer,…) s’étaient réunis une dernière fois autour du Chef.

Quelques jours plus tard, les Russes ont remplacé les Allemands, mais la ville est exactement dans le même état.
(Photo Algérie Monde)

Les rats quittent le navire. Le 21 avril, Goering s’en va à Berchtesgaden, où il possède une magnifique villa près de celle d’Hitler. Le Feldmarschall Keitel et le Generaloberst Jodl le suivent d’un jour. Dès le 22 avril, ils vont inspecter les différents Q.G. du Front de l’Est. Le 23, c’est le tour du Ministre des Affaires Etrangères von Ribbentrop et du Reichsführer SS Himmler. Le 24, Speer, Ministre de l’Armement, met les voiles …

Les Russes continuent à enfoncer les défenses de la ville. Progressant à l’abri des chars, les fantassins soviétiques se battent dans les rues, dans les parcs. Les barricades et les immeubles contenant un noyau de résistance (nid de mitrailleuse, sniper ou tireur au Panzerfaust) sont détruits au canon, à bout portant pour être certain d’avoir bien tout éliminé.
Berlin subit un déluge de feu et brûle, quartier après quartier.

BERLIN EN FEU ET EN RUINE

LES RUSSES À L’ASSAUT – (Photo skyrock.com)

Le 30 avril, l’étau russe se resserre de plus en plus. Comme un loup terré dans sa tanière, Hitler dans son bunker sous la Chancellerie rencontre ses fidèles pour la dernière fois. Le Führer fait ses adieux et se retire dans ses appartements avec Eva Braun qu’il vient d’épouser. À 15.35 hr, il se tire une balle dans la tête tandis qu’Eva Braun s’est empoisonnée. Les deux corps sont brûlés dans le jardin, selon les dernières volontés d’Hitler. Le 1er mai, Goebbels et sa femme se suicident, après avoir empoisonné leurs six enfants. La mort d’Hitler et celle de Goebbels sont les coups de sifflet finaux du régime nazi. Certains officiers se tirent, eux-aussi, une balle dans la tête et les autres prennent la fuite.

Le 2 mai, les Russes s’emparent d’un bunker vide.

À 0.50 hr, le commandant de la garnison de Berlin, demande un cessez-le-feu et à 6 hr il se rend.

La bataille de Berlin est terminée et le Reich de mille ans, comme l’avait prédit Hitler, s’écroule.